Le massif du Pilat se situe aux portes des métropoles de Lyon et Saint-Etienne. Cette proximité avec de grandes villes industrielles a marqué son histoire et continue de façonner son développement.
Loin d’opposer monde rural et urbain, ce territoire cherche au contraire à construire un avenir en partenariat avec les agglomérations voisines.
Un peu d’histoire
La révolution industrielle
Dès le XVIᵉ siècle, les bourgs du massif se développent autour d’activités manufacturières dans le travail de la soie et la métallurgie en lien avec la force hydraulique.
Au XIXᵉ siècle, le vaste mouvement d’industrialisation de Saint-Etienne à Lyon entraîne l’installation d’usines dans le Pilat, principalement dans le secteur textile. L’exploitation forestière et le travail des scieries sont stimulés par la demande en bois des mines de charbon voisines.
Une forte vitalité démographique peuple à la fois la montagne et fournit de la main-d’œuvre aux forges du Gier et du Furan.
Cette période a façonné la physionomie du Pilat : en lien avec la force hydraulique, les bourgs, nombreux, se sont installés le long des cours d’eau, les constructions industrielles ont marqué l’urbanisation, les voies de communication routes et chemins sont encore particulièrement denses aujourd’hui et la forêt de production recouvre toujours 50% du massif.
Ainsi, la Révolution industrielle du XIXè siècle, et l’explosion démographique des villes qui l’accompagnait ont induit une forte dynamique réciproque entre Pilat et villes voisines. Ces activités et savoir-faire ont laissé des traces profondes qui se lisent aujourd’hui dans les paysages.
De l’exode rural à la création du Parc
Après la Première Guerre mondiale, le Pilat connaît un exode rural qui ne prendra fin qu’au début des années 1960. Entre 1876 et 1960, le territoire du Pilat perd 40 % de sa population.
Bien qu’important, cet exode rural fut plus limité que dans d’autres territoires ruraux en déshérence. Si c’est à cette époque que germe l’idée de créer ici un « Parc naturel régional », c’est non pour pallier l’exode, mais au contraire pour préserver le « terrain de jeu » des citadins. Ce sont d’ailleurs des élites urbaines qui portent le projet. L’heure n’est pas encore à la concertation.
Le Parc naturel régional du Pilat voit le jour en 1974.
Moyenne montagne manufacturière, le massif du Pilat fut par le passé un réservoir de main d’œuvre pour les usines des villes voisines et un « pays-atelier » dédié au textile et au travail des métaux. Cette histoire industrielle marque encore le patrimoine architectural et l’organisation des villages.
Dépasser le clivage urbain-rural
D’un côté la campagne, de l’autre la ville… Nos représentations de l’espace habité, bien que dépassées, ont pourtant la vie dure.
Face à une métropolisation généralisée du territoire français, il s’avère utile de revoir nos catégories pour penser les enjeux de demain.
Des modes de vies si proches
L’arrivée de nouvelles populations dans le Pilat, depuis les années 1980, a transformé la société locale, devenue davantage multiculturelle. Moins d’agriculteurs, plus de « néoruraux » : des retraités, des « partis-revenus », des artistes, des télétravailleurs… 70 % de ceux arrivés entre 1999 et 2006 provenaient des six aires urbaines voisines. Les parcours de vie de chacun, la mobilité quotidienne, l’offre culturelle et de services dans le Pilat ou l’usage d’Internet conduisent à rapprocher les modes de vie. Les frontières deviennent floues entre ruraux et urbains.
Le face à face
L’opposition éternelle entre la ville et la campagne n’est plus d’actualité.
L’heure est au contraire à la collaboration entre des territoires complémentaires. Le Pilat, déjà fort de ses relations avec les villes-portes, est bien placé pour engager de nouveaux projets avec ses voisins urbains. Objectif : se rapprocher, se connaître et s’enrichir mutuellement des compétences et expériences de chacun.
« Dans un contexte de périurbanisation généralisée, les Parcs naturels régionaux sont confrontés à deux stratégies possibles : déployer les arguments de défense de la “ruralité” menacée par le “grignotage de la ville” ou construire une complémentarité territoriale avec la métropole, l’agglomération ou la grande ville proche. »
Nacima Baron, Professeur de Géographie, Université Marne-la-Vallée & Romain Lajarge, Professeur d’Aménagement, ENSAG – Université Grenoble Alpes