Le travail des métaux
S’il est un secteur où servirent les ruisseaux du Pilat, c’est bien celui du travail des métaux qui, au même titre que le textile, caractérisa le massif. Comparée au travail du textile, la métallurgie fut probablement de moindre importance. Elle n’employait pas autant, et sans doute ne rapportait-elle pas autant non plus.
Un lien étroit avec le bassin métallurgique stéphanois
En 1789 dans la région stéphanoise (St Etienne, vallées de l’Ondaine et du Gier), la métallurgie faisait travailler 12 000 personnes. La présence du charbon dans le sous-sol régional était un avantage de poids : avant d’être travaillé, le fer devait en effet être chauffé afin de devenir malléable.
Le secteur métallurgique se divisait en deux types principaux de production :
- l’armurerie, ou « arquebuserie », autrement dit la fabrication des armes.
- la quincaillerie, ou « clincaillerie », qui regroupait la fabrication de clous, d’armes blanches, la coutellerie, la ferronnerie, la serrurerie et la taillanderie (fabrication d’outils).
Le charbon, présent en quantité dans le sous-sol stéphanois, permettait d’alimenter les forges ; par contre le fer en était absent. On l’importait donc sous forme de barres, notamment de Bourgogne et de Franche-Comté. Il fallait améliorer la qualité de ces barres de fer, livrées pour ainsi dire à l’état brut. Ce travail de la matière première était confié aux forges à martinet du Pilat. Les ateliers du massif étaient alors les lieux où l’on transformait ces barres de fer en armes, outils et autres objets d’usages divers…
Les différents types de productions
Plusieurs types d’opérations intervenaient, hébergées par autant d’ateliers :
- les fenderies le divisait en baguettes et en verges à destination des cloutiers ou des serruriers…
- les martinets étendaient le fer et l’acier pour en faire des canons de fusils, des pelles et des bêches…
- les aiguiseries, dont faisaient partie les « molières », permettaient non seulement d’aiguiser le fer, mais aussi de dégrossir les pièces de métal à l’aide de meules de grès, activité risquée pour l’ouvrier car ces meules pouvaient se briser. Les polissoirs, eux, permettaient de polir les canons de fusils et les objets de quincaillerie.
Tous ces ateliers étaient complémentaires des industries stéphanoises : « les fabricants stéphanois devaient impérativement améliorer la matière première qui leur était livrée ; ce travail était demandé aux forges à martinet établies le long des cours d’eau du massif du Pilat. »
Un patrimoine discret
Contrairement aux activités textiles qui ont vu naître de grandes manufactures à l’image des “usines cathédrales” de Saint-Julien-Molin-Molette, l’activité métallurgique n’a laissé que peu de traces dans le Pilat.
C’est que pour l’essentiel, le travail des métaux a été exercé par les agriculteurs qui complétaient leurs sources de revenus, soit après leur journée de travail, soit pendant les périodes hivernales où les travaux agricoles étaient au ralenti.
Il existe quelques petits ateliers qui témoignent d’une activité qui relevait plus de l’artisanat que de l’industrie mais ils sont rares et n’ont, quant à leur taille, rien à voir avec les grandes entreprises de la vallée de l’Ondaine ou de la vallée du Gier.
Une “renaissance” de l’activité à partir des années 60
Au regard de ce passé artisanal important, mais, somme toute, assez confidentiel, il est difficile d’affirmer qu’il existe des savoir-faire métallurgiques propres au Pilat. Toutefois, compte tenu de la proximité d’agglomérations qui, elles, ont une tradition métallurgique, on constate l’implantation d’entreprises qui suivent les logiques industrielles des vallées environnantes à partir des années 1960 :
- Mécanique générale et de précision sur les contreforts pilatois des vallées de l’Ondaine et du Gier,
- Chaudronnerie, tôlerie, ferronnerie,… sur les versants Gier et en bordure de Rhône,
- Fabrication de moules dans le sillage du développement des verreries du Gier et de Givors à Loire-sur-Rhône.
Certaines entreprises peuvent être considérées comme de pointe, travaillant dans les secteurs de l’industrie nucléaire ou spatiale, ou développant des produits très spécifiques (tubes de forage, fabrication de pièces anti-usure ou de manutention,…).
Les Métiers d’art
La création du Parc du Pilat en 1974 a contribué à attirer un certain nombre de professionnels des métiers d’art qui trouvaient sur le massif des espaces propices à la création tout en s’assurant la possibilité de capter à la fois une clientèle urbaine à proximité et une clientèle touristique de passage.
Des professionnels en réseaux
Un partenariat avec les métiers d’art existe depuis près de 20 ans dans le Pilat, pour des actions portant sur l’aide à la création, puis sur la mise en place d’actions de valorisation collective avec, en point d’orgue en 2004, la création de la MAP ! , association des Métiers d’Art du Pilat.
L’ambition de la MAP ! en lien avec les autres professionnels des métiers d’art du Pilat est de poursuivre la structuration de leur réseau ouvert à d’autres acteurs du Pilat (associations, acteurs touristiques).
Ainsi, les métiers d’art constituent un secteur économique à part entière dans le Pilat ; fruit d’un travail collaboratif qui a profité aux professionnels en confortant leurs activités au territoire avec un bénéfice d’image.
On estime à une soixantaine le nombre de professionnels de métiers d’art installés aujourd’hui dans le Pilat à travers des activités très diversifiées : poterie, vitraux, ferronnerie d’art, bijoux, vêtements, …
Le (médico)social
Une étude menée en 2011 montre que le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) représente 600 structures et 1266 emplois, soit 11,5% des emplois salariés sur le Pilat. Nombre de ces structures relèvent des activités d’accueil et de soins bien que certaines d’entre elles appartiennent au secteur strictement privé.
C’est que le Pilat est, de longue date, un territoire d’accueil lié à sa proximité avec les agglomérations.
Cette tradition d’accueil s’inscrit dans les mouvements laïcs comme catholiques avec, dès les années 1950 :
- la création de structures d’accueil d’enfants de type colonies de vacances (Ligue d’Enseignement de la Loire, Association des Familles de France,…) ;
- des foyers d’accueil médicalisés (ADAPEI) ;
- des Etablissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes.