Les Milieux naturels

Dans le Pilat pas moins de 150 habitats naturels ont été identifiés. Ce sont des espaces homogènes où se développe une association spécifique de plantes, par exemple les landes à genêts. Ces unités homogènes de végétation peuvent être regroupées en 9 grands ensembles (cf. carte).

Accéder à la cartographie des habitats en ligne

Voir la carte des Habitats naturels du Pilat réalisée par le Conservatoire botanique du Massif Central

Livret légende de la carte des habitats naturels du Pilat
L’imbrication de toutes ces végétations naturelles forme une mosaïque paysagère particulièrement intéressante pour l’ensemble des groupes de faune ou de flore. Dans le Pilat, des espèces méditerranéennes de pelouses sèches cohabitent avec des espèces montagnardes de forêts ou des espèces océaniques de landes. Cette mixité est le véritable atout de la biodiversité du Pilat.

Cours d’eau

Le Pilat est parcouru par 300km de cours d’eau de tailles et de régimes bien différents, du fleuve Rhône au ruisseau torrentiel pouvant être asséché en été. Le massif est considéré comme un « château d’eau » puisque les villes environnantes sont alimentées en eau potable par l’eau d’une dizaine de barrages répartis sur le Pilat. L’ensemble des milieux aquatiques offre des conditions idéales pour certains poissons mais également pour nombre d’espèces liées à l’eau.

Une eau de qualité

Les petites rivières du Pilat sont bien préservées. elles proviennent directement des nombreuses sources situées en altitude. Les conditions écologiques différentes qu’elles présentent : débit, fonds, roches, forêt ou milieux ouverts… offrent une multitude de « niches » aux insectes, poissons et même mammifères. Les plus gros cours d’eau peuvent accueillir des espèces plus emblématiques, tels le castor ou la loutre, qui retrouvent dans ces rivières (et fleuves) des conditions favorables à leur développement.


Aujourd’hui, ces cours d’eau sont menacés par les épisodes de sécheresse, induisant une évolution quand à leur capacité d’accueil des espèces habituellement présentes.

Faune des cours d’eau du Pilat

  • L’écrevisse à pieds blancs, espèce fortement menacée, mais encore bien présente sur certains petits cours d’eau du Pilat
  • Le castor d’Europe, qui fait son retour le long du Rhône et ses affluents après quelques années d’absence
  • La loutre d’Europe, qui elle aussi réapparaît de façon moins spectaculaire

Quelques services rendus par les cours d’eau

alimentation en eau potable, loisirs, paysage

Chirats et zones rocheuses

Un milieu extrême

Les plantes qui vivent sur les rochers sont appelées « saxicoles ». Elles s’accommodent très bien d’une absence de sol et de températures parfois élevées. Chez les animaux, une exposition ensoleillée de blocs rocheux attire les reptiles tels que le lézard catalan ou la couleuvre verte et jaune. Les falaises, peu attractives pour nombre d’animaux, abritent des espèces adaptées qui font face à peu de compétition ou de prédation.

Les chirats forment de grandes langues de pierres grises sur les versants pentus des Crêts. Ces étonnants amas rocheux sont nés au Quaternaire, il y a 20 à 30 000 ans, lorsque le Pilat était bordé par l’immense glacier du Rhône. Sous l’effet du gel, la roche s’est fragmentée en de gros blocs. Puis, cette masse, cimentée par la glace, s’est déplacée à  la manière d’un glacier. Nulle part ailleurs, sauf dans les Appalaches, on trouve une telle formation géologique.
Cette originalité géologique est devenue un symbole du Pilat. Avec le hêtre et le sapin les chirats forment le logo du Parc.

Faune des zones rocheuses

  • Le hibou grand-duc, plus grand rapace du Pilat
  • Le lézard catalan, reptile en limite septentrionale de son aire de répartition
  • Le carabe des chirats, coléoptère endémique du Pilat

Flore des zones rocheuses

  • La pulsatile rouge, fleur rouge de printemps poussant sur les sol écorchés (roche qui affleure)
  • La moehringie fausse-mousse, petite fleur blanche rare et discrète

 Quelques services rendus par les zones rocheuses

paysage

Zones humides

Les zones humides ne représentent qu’une petite surface de l’occupation du sol du Pilat. Pourtant ces espaces naturels rassemblent une biodiversité très riche, souvent rare et menacée. Des groupes d’espèces entiers dépendent complètement des zones humides pour effectuer tout ou partie de leur cycle biologique.

Un milieu naturel essentiel à la vie

Une zone humide est un terrain gorgé ou inondé en eau, sur lequel se développe une végétation spécifique. Il existe une multitude de types de zones humides différentes, qui ont chacune des fonctionnements écologiques et une biodiversité associée différents : les prairies humides, les tourbières, les mares, les abords d’étangs, les forêts alluviales…
Les zones humides ont payé un lourd tribut lors du siècle dernier,  étant perçues comme des contraintes pour les activités humaines et ont été drainées et/ou détruites. Toutes les espèces associées ont subi un déclin par répercussion. Maintenant nombreuses sont les espèces animales ou végétales des zones humides qui bénéficient d’un statut de protection.

Faune des zones humides

  • La vipère péliade, reptile rare et menacé, typique des zones humides d’altitude
  • La cordulie arctique, libellule des tourbières, une quarantaine d’espèces de libellules peuple les zones humides du Pilat
  • La grenouille rousse, un amphibien qui affectionne les trous d’eau temporaires
  • L’azuré des mouillères, petit papillon bleu qui est directement lié à la gentiane pneumonanthe

Flore des zones humides

  • La droséra à feuilles rondes, plante carnivore typique des tourbières
  • L’epipactis des marais, orchidée rare des prairies humides
  • La grassette des marais, autre plante carnivore, connue sur une seule station dans le Pilat

Quelques services rendus par les zones humides

agriculture, gestion naturelle de l’eau, loisirs

 

 Bâti

Une cohabitation heureuse

Les chauve-souris (chiroptères) sont les espèces animales les plus habituées au bâti. Elles peuvent choisir de s’abriter dans la cave en hiver, de se reproduire dans le grenier ou derrière les volets en été. Chaque fissure représente pour elles un abri potentiel. Certains rapaces nocturnes, tout comme des petits passereaux, trouvent également dans les constructions humaines des cavités qui correspondent à leurs exigences, sous les toits ou dans les granges. Des plantes trouvent elles des recoins dans lesquels les conditions particulières sont adaptées à leur développement.

Flore associée au bâti

  • La chélidoine, espèce courante mais cependant bien utile, appelée également herbe-à-verrues

Faune typique du bâti

  • La chevêche d’Athéna, une petite chouette complètement liée aux habitations.
  • La sérotine commune, espèce de chauve-souris, se reproduit en colonie dans les greniers, tout comme d’autres espèces de chiroptères
  • L’alyte accoucheur, petit crapaud souvent caché dans les fissures des murs

Quelques services rendus par la biodiversité du bâti

La biodiversité nous rend des services gratuits, nous pouvons lui retourner la pareil en aménageant le bâti pour les espèces animales. Des solutions simples existent pour empêcher tout désagrément.

Landes

Ces milieux naturels pas complètement ouverts, mais pas encore boisés sont dominés pas une végétation arbustive. Dans le Pilat les genêts, de la callune (ou fausse-bruyère) et de la myrtille caractérisent ces milieux.

Milieux de transition

Les landes se développent sur des sols assez pauvres, où ne peuvent s’implanter que des arbrisseaux. Bien que présentes à toutes les altitudes, elles sont typiques des Crêts du Pilat, où les conditions climatiques empêchent le développement d’une végétation arbustive. Les landes servent de support au pâturage. Cependant celles-ci sont lentement délaissées par les agriculteurs, au profit des prairies, plus productives et plus appétantes pour le bétail. Ce manque de pression de pâturage est la plus forte menace sur ces milieux qui se referment petit à petit.

Faune caractéristique des landes

  • L’engoulevent d’Europe, très discret et source de nombreuses légendes (appelé aussi oiseau-crapaud ou tête-chèvre)
  • Le busard cendré, qui peut trouver dans les landes touffues des zones de reproduction
  • Le lézard des souches, reptile typique des landes d’altitude

Flore caractéristique des landes

  • L’ajonc nain, espèce océanique, en limite d’aire de répartition dans le Pilat

 Quelques services rendus par les landes :

L’Homme y trouve une utilité directe en agriculture, pour la cueillette ou encore les loisirs.

Forêt

Des forêts multiples

Les altitudes et les expositions influencent la présence des essences forestières. A basse altitude, les feuillus sont les plus présents : les chênes et les châtaigniers dominent en compagnie parfois de pins sylvestres. A partir de 600m d’altitude, les hêtres font leur apparition, puis peu à peu se mélangent aux sapins et épicéas à partir de 800m. Au delà de 1200m, ne subsistent que les arbres qui résistent aux conditions climatiques d’altitude. Les plantations monospécifiques sont bien présentes dans le Pilat : douglas et épicéas principalement, ils alimentent les scieries locales.
Nombreuses sont les espèces de plantes ou animaux qui trouvent dans les forêts des conditions favorables à leur cycle de vie.

Quelques espèces de flore forestière

  •  Le pavot du pays de Galles, plante des hêtraies
  •  L’epipactis du castor, orchidée des forêts alluviales du Rhône, endémique au fleuve

Quelques espèces de faune forestière

  •  La genette d’Europe, animal à mi-chemin entre le chat et la fouine
  •  Le pic noir, le plus grand-pic du Pilat, uniquement forestier
  •  Le circaète Jean-le-blanc ou le mangeur de serpents, qui niche dans les hauts arbres des forêts de feuillus diversifiées
  •  La salamandre tachetée, qui préfère la fraîcheur des forêts à l’eau stagnante, contrairement à ses cousins grenouilles, tritons et crapauds

Exemples de services rendus par les forêts

Sylviculture, loisirs, filtration de l’air, fixation du carbone, protection de la ressource en eau, maintien des sols…
Les intérêts de la forêt pour l’Homme ne manquent pas.

 

Forêts anciennes

Les forêts anciennes sont des espaces boisés qui ont conservé leur vocation forestière depuis au moins le début du XIXe siècle (minimum forestier pour une grande partie du territoire français) ce qui représente une période d’au moins 150 ans. Dans le Pilat il est estimé que 36 % des forêts seraient anciennes.
Lorsque la gestion forestière appliquée dans une forêt ancienne a permis la présence d’une diversité d’essences avec en plus le maintien de vieux arbres voire des arbres morts, la diversité biologique est très riche et conduit à qualifier la forêt de « mature ».
Pour améliorer le fonctionnement et la biodiversité de la trame verte, il importe d’une part de préserver ces forêts anciennes et matures (elles jouent alors un rôle de réservoirs de biodiversité), et d’autre part de maintenir, en dehors de ces espaces dans les peuplements plus récents ou gérés de façons plus intensive, une trame d’arbres vieux, sénescents et morts (dite « trame de vieux bois ») afin de permettre la connectivité entre ces réservoirs.

Les forêts anciennes du Pilat

Zones de culture, arboriculture, viticulture

Ces milieux semi-naturels se trouvent en zones agricoles, là où les cultures sont pérennes : céréales, fruitiers ou vignes. Ils peuvent être supports de biodiversité à conditions que les pratiques soient adaptées et respectueuses de l’environnement.

Les composantes d’une mosaïque accueillante

Les champs de céréales accueillent parfois des plantes sauvages qui ont besoin de sol nu pour se développer : ce sont les plantes messicoles. Ces parcelles peuvent également être des abris pour la nidification de certains oiseaux. En arboriculture, les vieux vergers offrent des cavités bien utiles à la faune cavernicole, celle qui niche dans les cavités comme les chauves-souris ou la chouette chevèche. Les vignobles présentent des conditions sèches et ensoleillées qui favorisent l’accueil des reptiles et de certaines plantes. Les inter-cultures (haies, bandes en herbe, murets…) sont de formidables abris pour une biodiversité souvent ordinaire, et parfois pour certaines espèces plus rares. Cependant ces zones sont souvent réduites pour des gains de rendement. La mosaïque formée par ces milieux, à proximité de prairies ou de forêts compose un paysage accueillant pour la faune. Il offre une multitude de possibilités, des espaces de reproduction et de chasse pour de nombreuses espèces.

Flore spécifique aux zones de culture

  • La nielle des blés, plante messicole bleue, souvent en bordure de champs de blés

Faune spécifique aux zones de culture

  • La huppe fasciée, oiseau cavernicole présent de mai à juillet
  • La caille des blés, qui ne se montre pas mais souvent entendue en été

Quelques services rendus par les zones de cultures 

agriculture, tourisme, paysage

Pelouses et prairies

Ces espaces semi-naturels sont exploités par l’agriculture et les éleveurs du Pilat. Les activités humaines maintiennent ces milieux ouverts, ce qui permet le développement d’une biodiversité riche et diversifiée.

Le paradis de la flore et de la faune

Les prairies sont très différentes selon leur altitude, leur exposition, le type de sous-sol et bien sûr les pratiques qui y sont associées. Les prairies naturelles présentent la plus belle diversité floristique, ainsi que la faune associée . elles sont souvent sources de nourriture ou de fourrage de grande qualité pour le bétail.

Les pelouses correspondent à des végétations herbacées qui se développent sur des zones où la topographie et l’exposition ne permettent pas de constituer un sol épais. La flore qui s’y installe est une spécialiste de ces conditions particulières. Les pelouses sont des milieux en raréfaction : elles disparaissent régulièrement sous les plantations de vignes ou sous les nouvelles constructions. Le manque de pâturage peut également être la cause de leur enfrichement.

Faune des prairies et pelouses

  • Le damier de la succise, un papillon rare parmi tant d’autres qui affectionnent ces milieux ouverts
  • Le tarier des prés, oiseau typique des prairies de fauche
  • La pie-grièche écorcheur, qui utilise les ronces ou barbelés comme garde-manger
  • Les sauterelles/criquets qui fourmillent par milliers dans les prairies et pelouses

Flore des prairies et pelouses

  • L’orchis punaise, orchidée rare et protégée, parmi tant d’autres
  • Le lys martagon, espèce emblématique des prairies d’altitude
  • L’achillée tomenteuse, petite fleur jaune des pelouses sèches

Quelques services rendus par les prairies naturelles et les pelouses

Si ces espaces représentent avant tout une ressource agricole, les prairies et pelouses participent aussi beaucoup à la fixation du carbone, la lutte contre l’érosion et abritent des espèces utilisées en pharmacopée.